Qu’est-ce que la méthode Davis ® ?

Ron Davis

Ron Davis, ingénieur et sculpteur, est le fondateur de la méthode. Fortement dyslexique, il a été délaissé à l’école, ridiculisé par ses pairs et n’a jamais remis en question le verdict officiel des experts qui l’avaient diagnostiqué retardé mental.
Il a accepté le fait qu’il ne pourrait jamais lire ou écrire parce qu’il avait un problème sérieux dans son cerveau.
Mais à l’âge adulte, ayant remarqué que sa dyslexie empirait à certains moments, notamment quand il sculptait, il a mené des expériences sur lui-même et a découvert comment corriger sa dyslexie.
Par la suite il a constaté que ce qui fonctionnait pour lui pouvait aider d’autres dyslexiques. Et il a commencé à répondre aux demandes d’aides et à développer sa méthode en s’associant à d’autres professionnels, notamment des psychologues.
Il était le directeur du « Reading Research Council » un centre de remédiation et de recherche en lecture situé en Californie.

Des ouvrages de référence

Ron Davis est l’auteur du livre Le Don de la Dyslexie.

Selon lui, la dyslexie est un DON et pas seulement un handicap.

SOS mon enfant est dys a été écrit par des Praticiennes Davis. Il contient beaucoup d’informations pratiques à l’attention des familles ou des professionnels. Mais aussi des références scientifiques qui viennent appuyer les propos des auteurs.

Pourquoi Ron Davis considère-t-il que les dyslexiques ont des talents particuliers?

Parce ce que leur cerveau interprète de façon spécifique les informations provenant de leurs organes sensoriels. En effet, la majorité des dyslexiques ont une pensée non-verbale et des facultés visuo-spaciales hors du commun, ce qui est un handicap pour lire et écrire mais un atout dans d’autres circonstances. Il faut donc savoir ajuster ses perceptions en fonction de son activité.

Ron Davis a mis au point les outils les plus adaptés à la manière d’apprendre des dyslexiques, des outils permettant d’accéder à davantage d’autonomie et de confiance en eux. En comprenant comment ils fonctionnent les dyslexiques peuvent trouver des ressources en eux-mêmes pour s’adapter plus facilement à leur environnement et travailler de la manière la plus efficace possible malgré leur dyslexie.

Le but de la méthode Davis est d’apprendre à maîtriser sa dyslexie pour en faire un atout et non plus un handicap. Il s’agit de se réapproprier le monde des mots et des chiffres grâce à une méthode simple et ludique, basée sur le plaisir de créer.

Enregistrement audio

Du talent au trouble d’apprentissage

Les personnes dyslexiques pensent à l’aide d’images plutôt que de mots. Elles ont des capacités visuelles très développées et souvent la faculté de se déplacer mentalement dans l’espace de façon très réaliste. Ron Davis a nommé ce processus inconscient : la désorientation.

LA DESORIENTATION

C’est un talent dans de nombreux domaines quand on sait le maîtriser et qu’on apprend à en tirer partie : activités artistiques, ingénierie, architecture, design, bricolage etc…

Mais ce talent se transforme en trouble d’apprentissage dans le domaine des symboles en 2 dimensions (lettres, chiffres, ponctuation).

Lorsqu’une personne dyslexique regarde une lettre et se désoriente, en une fraction de seconde elle la voit sous des dizaines d’angles différents comme si c’était un objet en 3 D. Cela entraîne des difficultés en lecture et en orthographe.

L’apprentissage traditionnel repose sur du verbal, des mots, des sons, et ne convient pas à un penseur en image.

Pendant un stage la personne dyslexique apprend à reconnaître et à stopper la désorientation. Elle s’oriente pour maintenir son attention.

LA COMPREHENSION D’UNE PHRASE

Chaque mot d’une phrase évoque une image mentale pour un dyslexique. Il construit ainsi un film dans sa tête auquel il ajoute l’image de chaque nouveau mot qu’il rencontre.

Les mots qui décrivent des choses réelles ne lui posent pas de problème. Mais il est très compliqué pour quelqu’un qui fonctionne de manière non verbale de réfléchir à l’aide de mots dont le sens ne correspond pas à une image : la, ce, de, puis, donc….

Quand il lit la phrase suivante, il obtient des images sans lien entre elles avec des blancs au milieu.

Thomas	a	des	chats	chez	lui
	?	?		?	?

Il va éprouver un sentiment de confusion parce qu’il ne peut pas relier les éléments épars pour construire une image mentale porteuse de sens. Que faire avec Thomas – chats ?

Plus il y a de blancs, plus il se sentira perdu, il atteint un seuil de confusion qui le fait se désorienter. Sa perception des lettres change, rendant la lecture ou l’écriture très difficile. Cette désorientation peut lui donner un sentiment de vertige, des maux de tête etc…

Il y a près de 200 mots en français avec lesquels un dyslexique ne peut pas penser.

Ces petits mots sont les déclencheurs des symptômes de la dyslexie.

LECTURE ET ORTHOGRAPHE

Du fait de la désorientation, les mots sont vus à l’envers, découpés et recollés de différentes manières. Pour certains les lettres peuvent flotter dans l’espace et se combiner de 1000 façons. Voici le mot CHAT tel qu’il peut apparaître à une personne dyslexique. Quelle est la bonne orthographe?

CAHT	CTHA	CHTA
TCAH	THCA	TACH
AHCT	ATCH	CHAT
HATC	HTCA	HCTA

Le ceveau de la personne dyslexique a enregistré toutes ces données Il va lui falloir examiner toutes ces possibilités pour trouver la bonne orthographe, ce qui représente beaucoup d’opérations mentales.

Deux axes de travail pour une méthode originale

1/ Tout d’abord il y a des exercices de visualisation interne qui permettent d’apprendre à mettre fin aux désorientations pour avoir des perceptions sensorielles justes et dans le cas expliqué ci-dessus, voir ce qui est réellement écrit, à savoir le mot «CHAT».
Ce travail pour maintenir des perceptions sensorielles justes, nécessite un entraînement qui se pousuivra à la maison et qui peut durer plusieurs mois. Il faut s’approprier de façon intime ce nouveau mode de fonctionnement et l’intégrer complètement à sa vie.

2/ En parallèle des exercices sur les perceptions sensorielles, le travail sur la maîtrise des symboles permet de se réapproprier les symboles en 2D en les modelant (alphabet, ponctuation etc…). Il s’agit d’identifier les symboles qui désorientent le stagiaire. Un accent, une cédille, un point-virgule, le chiffre 9 ou le 6, un b ou un w… La plupart du temps on en détecte plusieurs.
On modèlera aussi des mots-déclencheurs pour s’en faire une image en 3D et ainsi permettre au lecteur dyslexique de penser en image avec ces mots et de comprendre ce qu’il lit.

Un outil de prédilection : la pâte à modeler

Les modelages sont réalisés en pâte à modeler car c’est un outil adapté aux capacités de la pensée multi dimensionnelle des personnes dyslexiques. Elle leur permet d’exprimer leur potentiel créatif, ce qui est toujours agréable. Mais l’autre facteur d’importance c’est que le processus créatif et le processus d’apprentissage sont intimement liés car la créativité permet un véritable apprentissage, à un niveau de maîtrise et d’appropriation personnelle des notions, plus grand que par d’autres voies.
Et puis la main et l’intelligence sont liées.